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Bonjour chers amis

La conférence proposée par la SHMR en partenariat avec le pôle Histoire locale et fonds ancien de la Médiathèque Luxembourg et ESAUPE 77, aura lieu le 17 mai 2018 à 18h30 en salle Bulle au 1er étage 

Réservation vivement conseillée au 01.83.69.00.90 ou patrimoinemedialux@meaux.fr

Un enfant de Meaux : Alfred MAURY (1817-1892)

 

            Les Meldois savent qu’il existe dans leur ville une rue Alfred Maury, mais beaucoup ignorent que celui-ci fut « l’un des derniers savants encyclopédistes. Histoire, géographie, mythologie, archéologie, géographie, littérature, sciences physiques et naturelles »1 ont fourni la matière de ses travaux et de ses très nombreuses (quelque 800 !) publications, qui en ont fait un grand savant engagé dans les débats scientifiques de son temps.
(BNF©Gallica)
Membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres (1857), bibliothécaire des Tuileries (1860), professeur au Collège de France (1862), il avait été appelé par Napoléon III à collaborer à son Histoire de Jules César. L’empereur, dont il était devenu le « dictionnaire vivant »2, le nomma en 1868 directeur général des Archives impériales ; Maury restera à ce poste après la chute de l’Empire, jusqu’en 1888.
Louis Ferdinand Alfred Maury, ce « savant universel », était né le 23 mars 1817 à Meaux (rue du Grand-Cerf), où son père était ingénieur des ponts et chaussées3. C’est seulement au mois de juillet 1833 qu’il quittera cette ville avec sa mère, deux ans après la mort de son père survenue le 20 juin 1831.
Le collège de Meaux ne peut cependant s’enorgueillir de l’avoir eu comme élève : ses parents avaient en effet décidé de l’instruire ou de lui faire donner des leçons à domicile. L’enfant eut ainsi pour maître d’écriture un vétéran de Marengo et, plus tard, un grenadier de Waterloo comme professeur d’escrime. C’est un jeune séminariste meldois qui lui enseigna les langues anciennes ; l’élève lui conservera toujours une sincère affection.

Alfred Maury a d’ailleurs eu l’occasion de dire à quel point il avait été marqué par son enfance meldoise. Après avoir évoqué à grands traits l’histoire de notre ville, voici en quels termes, le 6 juin 1870, il termina son discours lors de la séance qu’avait tenue à Meaux la Société d’archéologie, lettres, sciences et arts de Seine-et-Marne dont il était président5 :
« Le germe de ce que je suis devenu, je l’ai, en effet, comme puisé dans votre sol. C’est ici que j’ai passé les seize premières années de ma vie ; c’est en face des monuments de cette ville, des vieux remparts qui en dessinaient jadis l’enceinte, devant les restes de ce manoir des comtes de Champagne, élevé sur cet emplacement même, à la vue de cette belle cathédrale, création architectonique des xive, xve et xvie siècles, de cet antique château du Chapitre, intéressant spécimen d’une habitation du xiiie, que ma curiosité pour l’histoire s’est éveillée. C’est dans la bibliothèque de cette ville, précieux héritage de l’abbaye Saint-Faron, et dont je fus, durant mon adolescence, un visiteur assidu , que je pris le goût des études sérieuses, des investigations persévérantes qui ont rempli la presque totalité de ma vie. Je ne saurais, sans émotion, sans une sorte d’attendrissement, me reporter à ces années si pleines d’illusions, où je m’imaginais que rien ne pourrait se dérober à mon insatiable curiosité. La jeunesse est présomptueuse, Messieurs, même celle dont les aspirations sont les plus contenues et les idées les plus sévères ; elle ne mesure pas les difficultés et ne s’effraie pas des entreprises les plus téméraires. L’expérience nous détrompe peu à peu, et, à mesure que nous étendons le champ de nos connaissances, nous nous apercevons davantage de l’immensité du domaine qui nous demeurera inaccessible. Mais si ce retour vers le passé m’inspire une sorte de regret, parce qu’il me montre toute la distance qui me sépare du but que je comptais atteindre, il a néanmoins pour moi un charme extrême, un attrait que je ne saurais exprimer. »
A la fin de sa vie, Alfred Maury a rédigé ses Souvenirs d’un homme de lettres, dont les sept gros volumes sont conservés à la Bibliothèque de l’Institut de France. Maurice Gasnier, maitre de conférences honoraire en littérature française du XIXe siècle (Université de Bretagne occidentale), en a entrepris la publication aux éditions Champion6 ; nous attendons avec impatience la parution du premier tome, préfacé par Marc Fumaroli et consacré aux années de formation, c’est-à-dire notamment à ses années meldoises.
A l’invitation de la Société d’Histoire de Meaux et sa région, Maurice Gasnier a accepté de venir le présenter en avant-première le 17 mai prochain, et nous espérons qu’un nombreux public pourra venir l’entendre.
A.D.

Notes 

1 D. BLANCHARD, Dictionnaire biographique de Seine-et-Marne, Presses du Village, s.d., p.173.
2 Ch. Ph. de CHENNEVIERES-POINTEL, Souvenirs d’un directeur des Beaux-Arts, 1885-1889, rééd. Arthena, 1979, t. IV, p. 68.
3 Louis Charlemagne Ferdinand Maury devait être nommé ingénieur en chef en 1829.
4 H. WALLON, « Notice sur la vie et les travaux de Louis Ferdinand Alfred Maury », Compte rendu des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1894, p. 531.

5. Bulletin de ladite société, 6e vol. 1869-1872, p. XLI-LIII.
6. Membre du Centre d’étude des correspondances et des journaux intimes (CECJI), Maurice Gasnier est par ailleurs l’éditeur de la Correspondance générale d’Ernest Renan, qui fut l’ami d’Alfred Maury. Il a présenté les Souvenirs d’Alfred Maury dans une communication au Colloque de Brest des 18 et 19 octobre 2007 sur Les journaux de la vie littéraire, dont les actes ont été publiés aux Presses Universitaires de Rennes en 2009.

au plaisir de vous recevoir,

toute l’équipe de la SHMR.

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